Le Pakistan mise à son tour sur la pluie artificielle : comment fonctionne ce procédé de plus en plus prisé ?

par TD avec AFP
Publié le 22 décembre 2023 à 19h12

Source : JT 20h WE

Touché par des vagues de pollution intense, le Pakistan se résout à avoir recours au déclenchement de pluies artificielles.
Avant lui, d'autres pays ont expérimenté ce procédé, dont l'efficacité reste délicate à démontrer.
On vous explique comment fonctionnent ces techniques dites "d'ensemencement des nuages".

Pour la première fois de son histoire, le Pakistan a eu recours ces derniers jours à la formation de pluie artificielle. Une initiative décidée pour faire face à un fort épisode de pollution et à un smog très nocif pour la santé des populations. Des particules dangereuses stagnaient dans l'air de la mégapole de Lahore, a indiqué le gouvernement provincial du Pendjab, à l'initiative de ces actions de modification de la météo.

Des techniques utilisées y compris en France

Les Pakistanais ont eu recours à des avions fournis par les Émirats Arabes Unis, a-t-on appris. Des appareils équipés de la technologie dite "d'ensemencement des nuages" et qui ont survolé dix zones de la ville de Lahore, souvent décrite comme l'une des plus polluées au monde.

En pratique, le procédé consiste à introduire dans les nuages du sel ou un mélange de différents sels. L'objectif est d'en utiliser les cristaux pour favoriser la condensation et ainsi déclencher la pluie. "Des équipes des Émirats Arabes Unis sont arrivées ici avec deux avions il y a dix à douze jours. Elles ont utilisé 48 fusées pour susciter la pluie", ont indiqué à la presse les autorités pakistanaises.

À travers le monde, on observe un recours de plus en plus fréquent à l'ensemencement des nuages. Que ce soit pour lutter contre la pollution, en Inde ou en Thaïlande, mais aussi pour faire face aux épisodes de sécheresse (dans les pays du Golfe, notamment ou en Chine). Les partisans de ces techniques vantent l'efficacité de ces méthodes, bien que l'on constate un caractère parfois aléatoire dans l'augmentation des précipitations. En 2015, un responsable du Centre national de météorologie et de sismologie (CNMS) des Émirats Arabes Unis vantait le fonctionnement du dispositif. Il expliquait ainsi que quatre jours de fortes pluies par ensemencement des nuages avaient apporté en 2010 l'équivalent de la production de neuf ans d'une usine de dessalement d'eau à Abou Dhabi.

En France aussi, ces manipulations de la météo sont expérimentées. Les applications retenues sont observées dans le domaine agricole, pour se prémunir entre autres des dégâts liés à la grêle. À proximité des cultures, viticoles en particulier, des engins se chargent de propulser des particules d'iodure d'argent dans le ciel lors des alertes à la grêle. Il s'agit de réduire la taille des grêlons à la source afin que seule de la pluie tombe. "J'y crois parce que ça fait 26 ans que j'en ai un, et en 26 ans, je n'ai eu que trois fois de la grêle. Ce n'est pas 100% d'efficacité, mais on arrive à sauver de la récolte", assurait cet été au micro de TF1 Jean-Claude Micol, agriculteur à Carpentras.

Si certains débats ont pu naître autour d'une toxicité présumée de l'iodure d'argent – jamais formellement démontrée jusqu'à présent au vu des doses utilisées pour générer de la pluie – d'autres critiques sont formulées au sujet de l'ensemencement des nuages. Outre le fait que cette technique ne peut pas fonctionner en l'absence de nuages, elle peut être source de multiples tensions. Marine de Guglielmo Weber, chercheuse à l'Institut de relations internationales et stratégiques, a souligné auprès de l'AFP que "les techniques présentées comme pouvant forcer un nuage à précipiter alors qu'il aurait normalement pris plusieurs heures pour le faire vont devenir de plus en plus propices au conflit". En 2018, rappelait la spécialiste, un haut cadre iranien a par exemple pointé du doigt Israël, l'accusant d'avoir "volé" des nuages iraniens.


TD avec AFP

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