Pluies abondantes dans les Pyrénées-Orientales : les nappes phréatiques peuvent-elles se recharger ?

Publié le 30 avril 2024 à 13h32

Source : JT 20h Semaine

Les Pyrénées-orientales s'acheminent vers un nouvel été de restrictions des usages de l'eau, après deux années de sécheresse.
D'autant qu'en dépit des pluies abondantes de ces derniers jours, les nappes phréatiques du département n'ont pas pu se recharger, une situation préoccupante.

Ces dernières 48 heures, des pluies abondantes sont tombées sur le département des Pyrénées-orientales, confronté depuis des mois à une sécheresse d'une ampleur exceptionnelle. "Sûrement la meilleure nouvelle depuis le début de l'année : il est tombé 66,9 mm de pluie à Perpignan, soit l'épisode pluvieux le plus intéressant depuis 3 ans !", jubile l’agriclimatologue Serge Zaka dans un message publié sur le réseau social X. "Cette pluie est tombée progressivement, elle a donc bien imprégné le sol !", relève dans son post le lanceur d’alertes sur les effets du changement climatique. Mieux encore, "cette pluie a été relativement uniforme sur l'ensemble du département !", souligne-t-il, carte à l’appui.

La pluie est captée par les racines des végétaux (...). Elle n'a pas le temps d'arriver jusqu'aux nappes.
Serge Zaka

Les trombes d’eau qui se sont abattues ces deux derniers jours constituent "une aubaine pour nos sols, par conséquent, pour la production agricole !", se félicite le chercheur montpelliérain, qui salue une "pause bienvenue pour la sécheresse de surface". Pour autant, ces précipitations "auront peu ou pas d’impacts sur les nappes", explique Serge Zaka, qui rappelle que la "saison des nappes phréatiques est terminé". À cette période de l'année, comme l'explique le scientifique, "la pluie est captée par les racines des végétaux qui sont en croissance à cette période", et par conséquent, "elle n'a pas le temps d'arriver jusqu'aux nappes".

Dans l'Hexagone, la saison de recharge des nappes d’eau souterraine s’étend habituellement de septembre à mars. Puis, à partir du printemps et durant l’été, la hausse des températures et la reprise de la végétation limitent en effet l’infiltration des pluies vers les nappes. Certes, le mois de mars a été marqué par des pluies abondantes avec, selon Météo-France, un excédent pluviométrique d'environ 85% par rapport à la période de référence 1991-2020. Le territoire a toutefois été touché inégalement par ces précipitations, avec un déficit de 50% dans l'Aude et les Pyrénées-Orientales. Seules les nappes de l'ouest du pourtour méditerranéen (ouest de l'Hérault, Aude et Pyrénées-Orientales) conservent aujourd'hui des niveaux plus bas qu'en mars 2023.

"Il s'agit d'une pause dans la sécheresse mais, encore, en aucun cas, un arrêt. Il manque plus de 1000 mm sur le département pour un retour à la normale", tempère Serge Zaka. Dans le Roussillon (qui correspond au département des Pyrénées-Orientales, ndlr), "on est vraiment sur des records de bas", soulignait, en avril dernier, l'hydrologue Violaine Bault, du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), se référant à des mesures qui remontent aux années 1990. "Il y a certains points qui sont en baisse constante depuis mai 2022 : ça fait deux ans qu'ils ne font que baisser", soulignait-elle. "On ne va pas voir les arrêtés préfectoraux de restriction d'eau se lever avant les pluies de l'automne, ce serait vraiment très étonnant", prédisait-elle.


Matthieu DELACHARLERY

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