Selon l'UFC-Que Choisir, l'accès aux soins est "particulièrement difficile" pour plus de 20% de la population.
Pourtant, les déserts médicaux ne sont pas une fatalité.
Le JT de TF1 s'est rendu dans les Ardennes où un médecin a changé la vie des habitants d'un village.

Le diagnostic est vraisemblablement bien pire que ce qu'en disent les statistiques. Selon le ministère de la Santé, en 2018, 5,7% des Français vivaient dans une "zone sous-dense" en médecins généralistes. Des chiffres officiels sans doute largement sous-estimés. L'UFC-Que Choisir dénonce pour sa part un accès aux soins (tant géographique que financier) "particulièrement difficile" pour plus de 20% de la population. 

La ministre déléguée aux Professions de santé, Agnès Firmin Le Bodo, va encore plus loin, répétant ces derniers mois que "87% du territoire est considéré comme un désert médical". Et la situation n'est pas près de s'améliorer : alors que les besoins augmentent sous l'effet du vieillissement, la profession traverse un "creux" démographique qui ne sera pas rattrapé avant 2035, le temps que la suppression du "numerus clausus" à l'entrée des études de médecine produise ses effets.

La France n'a pas formé un assez grand nombre de médecins
Dr René Pierson

Pourtant, ici ou là, certains se démènent pour que la situation change. C'est le cas du docteur Désiré Nanji, un médecin d'origine camerounaise qui a décidé de s'installer à Buzancy (Ardennes). Et ses patients lui disent merci. "C'est vrai qu'on est chanceux par rapport à certains endroits où il n'y a pas de médecins et où il faut faire 30 km pour être soigné", admet l'un d'entre eux dans la vidéo du JT de 20H en tête de cet article. Ce praticien a grandi en Allemagne avant d'arriver en France à l'âge de 15 ans où il a eu un coup de cœur pour la région. "C'est vallonné, c'est vert, franchement, c'est magnifique. Je suis tombé amoureux de la nature à Buzancy", affirme-t-il fièrement. 

Nous sommes alors en l'an 2000 et à l'époque, le médecin du village René Pierson cherche un successeur pour pouvoir enfin arrêter de travailler. Ce dernier avait déjà dû repousser de deux ans son départ à la retraite faute de trouver l'heureux élu. "Une explication, c'est qu'il n'y a pas assez de médecins. La France n'a pas formé un assez grand nombre de médecins", dit-il. Désiré Nanji a d'abord exercé chez lui, puis il a ouvert un cabinet, et s'est même fait élire au Conseil municipal. Mais le spectre du désert médical a rapidement resurgi. "Je suis tombé une fois malade et il n'y avait plus de médecin. Donc, un système de santé ne peut pas reposer sur un seul homme", souligne-t-il. 

Une maison de santé a vu le jour

Le nouveau médecin de campagne, aujourd'hui maire du village, a donc décidé de convaincre les communes environnantes de s'associer dans un projet de maison de santé pour rendre le territoire plus attractif. Le coût financier est ainsi partagé. Elle a vu le jour dans un local face à la mairie de Buzancy et depuis, les plaques se multiplient sur la façade. La stratégie consiste à diversifier les spécialités et à accueillir des professionnels complémentaires. Les médecins sont moins débordés et ça plaît aux habitants. "Ça rassure complétement parce que maintenant, quand on déménage, souvent les médecins ne prennent pas de nouveaux patients et je remercie le docteur Nanji parce qu'il n'a pas hésité une seconde", se félicite une de ses patientes. 

Même son de cloche du côté des praticiens. "Maintenant, les jeunes médecins veulent travailler en équipe pour pouvoir faire venir un remplaçant et dans des conditions où on ne sacrifie pas sa vie de famille", assure Chloé Laurent, infirmière. Pour cela, Désiré a pensé à tout. À l'étage, au-dessus des différents cabinets, il y a un appartement tout équipé mis à disposition des médecins. "C'est gratuit", précise-t-il. 

Résultat, l'activité économique de la maison de santé contribue à stimuler celle de la commune. Au dernier recensement, la population du village a augmenté de 10 % pour la première fois depuis... 170 ans.


V. F - Reportage vidéo : Sylvain Millanvoye, Jean-Philippe Héquette et Giampiero d'Angéli

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