Dans la nuit du 12 au 13 août, une enfant de 2 ans est morte noyée dans sa poussette à Villembits (Hautes-Pyrénées) pendant la fête du village.
La mère de l'enfant, le maire du village et le président du comité des fêtes étaient poursuivis pour "homicide involontaire" après ce drame.
La première a été relaxée, les deux autres condamnés.

Il était maire depuis 23 ans et a démissionné de ses fonctions fin décembre. "J'avais dit dès ma réélection que je n'irais pas jusqu'au bout de ce mandat pour laisser la place aux jeunes. Bien évidemment, le drame de l'été dernier et les multiples conséquences qu'il a eues a accéléré les choses", nous confie ce mercredi Henry Lacoste, ancien édile de Villembits, commune d'un peu plus de 100 habitants dans les Hautes-Pyrénées. 

Mardi 23 janvier, cet homme aujourd'hui âgé de 70 ans a été condamné à huit mois de prison avec sursis. En décembre,  il avait été jugé par le tribunal correctionnel de Tarbes pour "homicide involontaire" après la mort d'une fillette de 2 ans noyée dans sa poussette dans les eaux du Bouès dans la nuit du 12 au 13 août pendant la fête de son village. Deux autres personnes avaient comparu à ses côtés : le président du comité des fêtes, qui a écopé d'une peine de 10 mois de prison avec sursis et 1000 euros d'amende, et la mère de l'enfant, âgée d'une vingtaine d'années, qui a elle été relaxée.  Lors de leur comparution, le procureur avait requis un an de prison avec sursis contre la mère endeuillée, et 10 mois de prison avec sursis contre le maire et le président du comité des fêtes. 

Au lendemain de sa condamnation, l'élu ne la digère pas du tout. "Je ne suis pas d'accord. Je suis complètement révolté par la décision qui a été prise. Je suis dégoûté par la justice", lâche l'élu. "J'ai pris 8 mois avec sursis, le président du comité 10 mois avec sursis et la mère de la petite, qui avait bu et fumé du cannabis, a été relaxée ! Elle dit à l'audience qu'elle consommait encore et n'a même pas eu une obligation de soin. Comment c'est possible ? Je rêve là !" poursuit-il

"Manquements délibérés à des règles de sécurité"

Comme le président du comité des fêtes, l'ancien élu était poursuivi pour "manquements délibérés à des règles de sécurité", faits qu'il a toujours contestés. Ce qu'on lui reproche précisément ? Ne pas avoir fait respecter l’arrêté municipal prévoyant que la fête se tienne en intérieur et avoir laissé les jeunes s'amuser près de la rivière. Le président du comité des fêtes se voyait lui reprocher notamment d'avoir laissé servir de l'alcool fort pendant la soirée. 

Or, Henry Lacoste l'affirme, il était contre le fait que l'événement soit célébré en extérieur la nuit. "La fête du village se passe toujours de la même façon : le matin, il y a le concours de pêche, des marches pédestres, à midi, les grillades au bord de l'eau et en fin d'après-midi, normalement, tout le monde part à la salle des fêtes pour la suite. Ce 12 août 2023, vers 13 heures, les organisateurs m'ont dit qu'ils ne voulaient pas déplacer les gens, et qu'ils resteraient près du Bouès. J'ai dit que je n'étais pas d'accord, mais rien à faire, personne n'a bougé", se souvient l'ancien maire. 

Vers 16 heures, Henry Lacoste quitte les lieux et rentre chez lui. Le soir, il dîne avec son épouse et regarde la télé. "A 3h15 du matin, l'épouse du maire adjoint est venue me chercher chez moi. Elle m'a dit qu'un drame était survenu. J'ai d'abord pensé que mes enfants et mes petits-enfants qui rentraient de vacances avaient eu un accident de voiture. C'est là qu'elle m'a raconté pour la petite. J'ai enfilé des vêtements, et je suis parti sur place. Il y avait les gendarmes, les pompiers... La fillette était là, inanimée. Malgré les tentatives de réanimation, les secouristes n'ont pas pu la sauver", raconte l'ancien édile

Une nouvelle audience dans les prochains mois

C'est environ une heure plus tôt, vers 2 heures du matin, alors que plusieurs participants s'amusaient encore, que la mère de la fillette avait décidé de la promener dans sa poussette pour l'endormir.

Au cours de cette promenade nocturne, la maman a trébuché avant de tomber dans le ruisseau, avec sa fillette de 2 ans attachée dans la poussette. La maman a tenté en vain de l'en sortir, avant de donner l'alerte. Plusieurs personnes étaient finalement parvenues à extraire l'enfant de l'eau. Transportée inanimée à l'hôpital de Pau, elle y était décédée le lendemain. Le soir des faits, la mère de l'enfant, très choquée, avait été transportée à l'hôpital de Lannemezan par les pompiers.

Un mois et demi après le drame, Bérengère Prud’homme, procureure de la République de Tarbes, avait annoncé que trois personnes étaient poursuivies dans cette affaire pour "homicide involontaire" : la mère de l'enfant, le maire de la ville et le président du comité des fêtes. 

Une nouvelle audience devrait se tenir dans les prochains mois. La mère de l'enfant décédée s'est en effet constituée partie civile et va demander des dommages et intérêts. 


Aurélie SARROT

Tout
TF1 Info