Le Conseil d'État a fixé un ultimatum pour instaurer en France un contrôle technique des deux-roues motorisés.Les associations de motards s'y opposent et assurent que le parc français ne représente que 0,5% des émissions, pour près de 4 millions de véhicules.Ces chiffres sont à nuancer assez largement.
Plusieurs fois repoussée, la mise en place du contrôle technique pour les deux-roues motorisés sera finalement appliquée. Le gouvernement l'a confirmée, à la suite d'un ultimatum posé par le Conseil d'État. À partir du 1er juin, la France aura deux mois pour adopter cette mesure, imposée à l'échelle européenne.
Les associations de motards ne cachent pas leur opposition et cherchent autant que possible à empêcher la mise en place de cette mesure. Parmi la longue liste d'arguments mis en avant par la Fédération française des motards en colère (FFMC), on lit que "3,9 millions de deux-roues motorisés ne sont responsables que de 0,5% des émissions polluantes". Une affirmation en partie trompeuse.
Un parc difficile à évaluer et des émissions plus importantes
Avant de s'interroger sur la pollution des deux-roues, encore faut-il pouvoir les comptabiliser avec précision. Une mission plus difficile qu'il n'y paraît, bien plus délicate que pour les voitures et autres camionnettes. "L'estimation du parc deux-roues motorisés en circulation est rendue complexe par le fait que très souvent les propriétaires de deux-roues motorisés (2RM) conservent leurs précédents engins lorsqu'ils font l'acquisition des nouveaux", reconnaît l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière (Onisr).
Néanmoins, des études ont été menées pour y voir plus clair, la plus récente entre "février à avril 2020 sur un panel de 10.000 foyers représentatifs de la population française". Résultat ? "En 2020, le parc de 2RM est estimé à plus de 2,7 millions de véhicules", soit plus d'un million de véhicules de moins que ce qu'avance la FFMC. Une différence qui modifie logiquement les analyses liées aux émissions de polluants. L'association de motards évoque les rejets de "0,5% des émissions polluantes", une formulation vague qui fait en pratique référence aux seules émissions du secteur routier. Si l'ADEME est présentée comme la source d'un tel chiffre, l'agence publique n'est pas l'organisme de référence en la matière, et les derniers éléments qu'elle relaie datent de 2018.
En pratique, c'est plutôt aux travaux du Centre interprofessionnel technique d'études de la pollution atmosphérique (CITEPA) qu'il faut s'intéresser. Ce dernier évalue à 1,1% la part des émissions dans les transports imputable aux deux-roues motorisés, plus du double de ce que met en avant la FFMC. Une estimation plus récente puisqu'elle porte sur 2021.
Les deux-roues, alternatives parfois crédibles en matière de pollution
Avec ce prochain contrôle technique, la question de la pollution des deux-roues motorisés (2RM) se pose. Et sur ce point, l'ADEME considère que les motos et autres scooters peuvent jouer un rôle pour diminuer nos émissions. "Du point de vue environnemental, ils peuvent être une alternative à la voiture quand on sait que 80% des automobilistes roulent seuls dans leur voiture", écrit l'agence, tout en gardant à l'esprit "qu’un deux-roues émet moins de CO2 et est 3 à 4 fois moins vorace en place".
Attention toutefois aux remarques d'ordre général : si les 2RM les plus récents sont peu polluants (en particulier les modèles vendus après 2020, tenus de se conformer aux normes Euro 5), les plus anciens se révélaient bien moins vertueux sur le plan environnemental. De même, il est difficile de comparer une moto légère et peu puissante, d'une petite cylindrée, à un gros cube vrombissant dépassant les 150 chevaux et bien plus gourmands en carburant.
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